Plusieurs questions se posent : quelles sont les méthodes de fabrication, donc nous verrons le vocabulaire, les obligations légales des fabricants et la question qui se pose pour nous, acheteurs, vaut-il mieux faire notre propre préparation pour nos poissons ou peut-on avoir suffisamment confiance dans les produits industriels ?
I- Les obligations légales des fabricants sur l'étiquetage.
Sur tout produit destiné à la consommation, on trouve les ingrédients présents. Mais où commence la limite et où se finit-elle ?
La nouvelle limite commence avec un règlement communautaire (Union Européenne) du 13 juillet 2007, ce règlement concerne la mise sur le marché et l'utilisation des aliments pour animaux ( à poils, à plumes ou à écailles), elle a été applicable totalement le 19 août 2013 en France. Un deuxième texte publié le 16 janvier 2013 au journal officiel de l'UE par la Commission européenne
Les textes sont très longs – voici deux liens si vous voulez vous amuser à les lire:
Règlement n° 767/2009 ( mise sur le marché des aliments)
Règlement n°68/2013 ( catalogue des matières premières)
Cette batterie de texte abrogeait les anciens textes ( communautaires et nationaux), tout en introduisant des nouveautés – plus protecteur en matière de droit de la consommation – notamment la traçabilité, l'étiquetage, la composition exacte, le conditionnement ou encore la sécurité.
Les produits qui ont été étiquetés avant le 19 août 2013 pouvaient encore être autorisés à la mise sur le marché dès lors que l'étiquetage était conforme à l'ancien Règlement d'exécution n° 575/2011.
Doivent apparaître alors sur l'étiquette les éléments suivants :
Le type d'aliments : aliment complet, complémentaire ou composé.
L'espèce de destination : pour betta, pour poisson de fond, pour grenouille.
L'exploitant responsable de l'étiquette : personne morale (fabricant/importateur), le numéro d'exploitation et l'adresse.
Le numéro du lot : en cas de problème dans la chaîne (traçabilité).
La masse du produit : 25g voire le litrage : 100ml.
La teneur en eau.
Une date de péremption.
En cas de mise en avant d'un ingrédient (Avec du Krill), le pourcentage doit apparaître à côté (6%).
Pour une meilleure sécurité, le produit doit soit donner un numéro de téléphone gratuit, soit un site internet, une adresse mail, permettant à l'acheteur de demander des informations complémentaires sur les additifs utilisés, ou les matières premières par exemple.
Si toutes les informations ne sont pas présentes, vous pouvez alors demander le retrait de ce produit sur le territoire national, et la destruction de toute boîte illégale, jusqu'à mise en conformité.
Ces produits peuvent être vendus en vrac dès lors que les informations sont là et que le poids n'excède pas 50kg. Au delà, le vendeur est responsable de l'étiquetage, même s'il se contente de réécrire l'étiquette d'origine. Selon le Synapse ( syndicats des animaleries et des éleveurs), « le vendeur endosserait le rôle d'exploitant mentionné à l'article 3 du règlement n°767/2009 ».
II] Glossaire techniques reconnus juridiquement des procédés de préparation :
Haché – Hachage - Réduction de la taille des particules au moyen d’une ou de plusieurs lames.
Réfrigéré – Réfrigération - Abaissement de la température sous la température ambiante mais au-dessus du point de congélation afin de favoriser la conservation.
Concentré – Concentration - Accroissement de certaines teneurs par élimination de l’eau et/ou d’autres composants.
Cuit – Cuisson - Application de chaleur destinée à modifier les propriétés physico-chimiques de matières premières pour aliments des animaux
Dépelliculé ou Écossé – Pelliculage/Écossage - Élimination des enveloppes de fèves, de grains et de graines, généralement par des procédés physiques.
Desséché – Dessiccation - Procédé d’extraction de l’humidité.
Séché (au soleil ou artificiellement)- Séchage - Déshydratation artificielle ou naturelle.
Fermenté - Fermentation - Procédé par lequel des micro-organismes (bactéries, champignons, levures, etc.) sont produits ou utilisés afin d’agir sur des matières premières en vue de faciliter une modification de la composition ou des propriétés chimiques de ces matières.
Flocons – Floconnage - Laminage d’un produit traité par la chaleur humide.
Farine - Mouture sèche - Traitement physique du grain en vue de réduire la taille des particules et de faciliter la séparation des composants du grain (notamment la farine, le son et le remoulage).
Granulé – Granulation - Traitement de matières premières pour aliments des animaux permettant d’obtenir une taille de particules et une consistance précises.
Broyé ou moulé - Broyage/Mouture - Réduction de la taille des particules de matières premières solides pour aliments des animaux, par voie sèche ou humide.
Chauffé – Chauffage - Procédés thermiques réalisés dans des conditions particulières.
Macéré – Macération - Réduction de la taille de matières premières des aliments pour animaux par des procédés mécaniques, souvent en présence d’eau ou d’autres liquides.
Torréfié – Torréfaction - Chauffage de matières premières pour aliments des animaux à l’état sec afin d’en améliorer la digestibilité, d’en intensifier la couleur et/ou de réduire les facteurs anti-nutritionnels naturels.
Raffiné – Raffinage - Élimination complète ou partielle des impuretés ou des composants indésirables par des traitements chimiques ou physiques.
III] Les matières premières et leurs déclarations obligatoires.
Annexe 5 - Règlement n° 767/2009
Les poissons, animaux aquatiques, produits et sous-produits :
Doit apparaître toute Protéine brute, si supérieure à 10 %
Doit apparaître toutes Matières grasses brutes, si supérieure à 5 %
Doit apparaître l'Humidité, si supérieur à 8 %
Les végétaux, graines, légumineuses et fruits, leurs produits et sous-produits :
Doit apparaître tout Amidon, si supérieure à 20%.
Doit apparaître toute Protéine brute, si supérieure à 10 %
Doit apparaître toute Matières grasses brutes, si supérieure à 5% ( certains cas à 10%)
Doit apparaître toute Cellulose brute.
Doit apparaître toute Cendres, si supérieure à 3,5% de matière sèche.
Les matières premières divers : ( comme le sucre, le miel, levures, oeufs).
Doit apparaître tout Amidon, si supérieure à 30%.
Doit apparaître toute Protéine brute, si supérieure à 10 %
Doit apparaître toute Matières grasses brutes, si supérieure à 10%
Doit apparaître toute Cellulose brute.
Doit apparaître toute Cendres, si supérieure à 3,5% de matière sèche.
Doit apparaître tout Sucres totaux, calculés en saccharose, si supérieure à 10 %.
Les minéraux :
Doit apparaître le Calcium, le Sodium, le Phosphore et certains minéraux pertinents ( non renseignés - laisse un champ de manœuvre à la jurisprudence du juge)
IV] Les produits principaux d'origine animale et leur délimitation :





V] L'origine des matières premières, la question de la farine de poisson ?
Encore qu'il est facile d'imaginer ce que peut-être les dénominations : céréales, légumes, œufs ( la loi n'autorise que celle de la poule (gallus gallus domesticus) ou encore les algues comme ingrédients.
Qu'il est difficile de se dire : poissons, crustacés, mollusques, farines de poissons et sous-produits de poissons... notamment comme nourriture pour les autres poissons et invertébrés ?
Trois questions se posent, c'est quoi la farine de poisson, d'où elle vient, et est-ce sans danger ?
A- C'est quoi la farine de poisson ?
La farine de poisson naît par l'utilisation de poissons entiers, de déchets de poissons ou de sous-produits de poissons. Ces matières premières sont obtenues par la séparation des liquides (eau et lipides, extraite par cuisson/pressage) et des protéines, suivi d'un broyage et séchage, pour devenir de la poudre.
La farine est riche en protéines animales (lysine, méthionine), et c'est normal, puisqu'on estime qu'il faut 7kg de poissons sauvages pour nourrir 1kg de poissons d'élevage ou d'ornement.
B- Mais d'où vient cette farine de poisson, de la pêche ?
Bingo, la farine provient de la pêche minotière.
Première origine :
La pêche dite minotière s'oppose à la pêche alimentaire, elle est spécialisée dans la capture de petites espèces transformées en farines, en huiles par les usines de réduction. On l’appelle aussi « pêche à finalité industrielle ». Elle représente quand même 30% des prises mondiales, alors que le secteur est dominé par une poignée de pays ( Pérou/Chili/Chine/Danemark/USA)
Ces produits transformés sont ensuite utilisés par l’aquaculture (salmonidés, crustacés), par l'aquariophilie professionnelle mais aussi pour l'élevage des porcs. C’est pourquoi les prises de la pêche minotière sont appelées « poissons-fourrages ».
La pêche est tellement importante qu'il y a de nombreuses dérives, en France, la pêche est très encadrée et les quotas ne dépassent pas la dizaine de milliers de tonne de poissons, la pêche minotière elle ne possèdent pas de quotas.
Résultats :
Disparition des ressources maritimes par la pêche des petits poissons – à la base de la chaîne alimentaire ou encore, les poissons sexuellement inaptes par leur jeune age)
Une production annuelle de 25 et 30 millions de tonnes de poissons capturées chaque année, transformée en 6,5 à 7 millions de tonnes de farine de poisson, et de 1 à 1,5 million de tonnes d'huile de poisson par année dans le monde.
Donnons un exemple, 99,5% de la pêche d'anchois du Pérou ou « anchoveta » se transforme en farine, sa consommation en poisson frais est quasi-nulle.
Deuxième origine : les invendus et les déchets.
Le poisson transformé en farine le devient, soit car il est trop petit et ne respecte pas la maille ( la taille minimal), soit car c'est un invendable.
Pourquoi un invendable ?
Il peut s'agir de déchets de l'industrie du poisson (rejet de la chaîne de filetage essentiellement), soit une pêche excédentaire qui dépasse les quotas et qu'on rattrape ailleurs. Mais aussi les poissons abîmés lors de la pêche ou du transport, ou présentant des anomalies (déformations, cancers, tumeurs, parasitoses qui défavoriseraient la vente à l’étal du poissonnier).
Quand il ne devient pas du surimi, ou du steak de poisson, le poisson moche devient de la farine.
Pour anecdote, de la viande de cétacés ( baleine, mais aussi dauphins) a déjà été transformés et vendus en farine ( quid de la traçabilité? ).
Troisième origine : L'origine géographique, problème sanitaire ?
J'ai déjà cité le Danemark comme leader de l'industrie minotière en Europe, la pêche se fait dans la Mer du Nord mais aussi dans la Mer Baltique.
La mer Baltique, c'est une mer presque fermé, et pour qu'il y ait un renouvellement quasi total de l'eau, il faut au moins trente ans. La Baltique, c'est le débouché de l'industrie allemande, tous les métaux lourds sont envoyés dans la Baltique, c'est historiquement la mer des scieries, celluloses et sidérurgies suédoises. Sans compter les possibles déchets nucléaires.
Le Japon participe à la pêche minotière aussi, avec la Chine, alors que ces eaux ( Mer du Japon, Mer de Chine et Océan Pacifique) sont hautement radioactives depuis l'accident nucléaire de Fukushima et la présence de déchets chimiques, sachant que les réservoirs se sont déversés dans l'océan pendant plusieurs semaines sans interruption.
C- Des possibles risques sanitaires ?
La farine animale donné à des vaches a entraîné la vache folle ( merci, les anglais), effectivement, la farine revenait moins cher que le fourrage, et grossissait la vache plus rapidement. Mais un herbivore est-il destiné à manger de la protéine animale ? La maladie a prouvé que non, le scandale a mis fin à cette recherche du profit maximal.
Mais le poisson, tout le monde s'en fiche !
Pourtant, comme je l'ai dis, les poissons transformés en farine sont des invendables, parfois malades.
Même si les parasites sont supposés détruits par le processus de fabrication, une erreur peut toujours arrivés, notamment sur le passage de gants en gants ( matière avant cuisson à produit fini ). On peut retrouver du mercure dans cette farine, ce métal lourd se retrouve fréquemment bio-accumulé par les poissons carnivores et âgés. On peut trouver accidentellement des toxines.
Si la farine n'est pas conservée sèche, des micro-organismes indésirables peuvent s’y développer.
De plus, les qualités de la farine se dégradent par oxydation ( humidité de l'air ?).
Enfin, en raison du passage à l’état de farine, la traçabilité de la matière est rendue difficile voire impossible (autrement que par des analyses génétiques).
----------
Voilà, messieurs dames, cet article est terminé, je vous laisse juger de ce que vous allez faire : continuez la malbouffe industriel ou s'embêter à faire votre propre préparation avec des résultats souvent médiocres ?
Au moins, vous aurez appris à lire les étiquettes et à savoir d'où peut provenir le produit.