Nous allons traiter des plantes invasives interdites en France, ainsi que quelques unes interdites au Royaume-Uni, en Espagne et dans le reste du monde.
Enfin, il sera traité des plantes invasives qui ne sont pas interdites, mais qui devrait l'être - pour vous - en raison des dégâts environnementaux importants.
Qu'est-ce qu'une plante invasive ?
Un certain nombre d'espèces végétales introduites par l'homme peuvent, par leur prolifération, provoquer un déséquilibre dans le fonctionnement des milieux aquatiques et humides, ce sont les plantes invasives. Elles viennent nuire à la variété des espèces locales là où elle s’est établie, et son introduite par accident ou intentionnellement (par exemple, esthétique). Les phénomènes d'invasion biologique sont aujourd'hui considérés par l'ONU comme une des grandes causes de régression de la biodiversité. Pourtant, seulement 1% des plantes françaises sont considérés comme des invasives indésirables, sachant que 10% des plantes françaises sont des plantes qui ne sont pas originaires de métropole.
Pourquoi les interdire ?
L'impact économique de l'invasion est lourd, les plantes étouffent toute vie, empêchent la lumière d'atteindre le fond des cours et plan d'eau, entravent les activités de pêche, de navigation, peuvent gêner la gestion des réservoirs d'eau potable et souvent, leur coûts d'éradication est très élevé, pour un résultat temporaire. Selon la Commission européenne, les plantes invasives coûteraient chaque année près de 12 milliards d'euros aux contribuables européens.
La Législation française :
Afin de se prémunir des risques que constituent les plantes invasives, une réglementation existe.
L’article L 411-3 du code de l’environnement dispose que :
« I. - Afin de ne porter préjudice ni aux milieux naturels ni aux usages qui leur sont associés ni à la faune et à la flore sauvages, est interdite l'introduction dans le milieu naturel, volontaire, par négligence ou par imprudence :
1° De tout spécimen d'une espèce animale à la fois non indigène au territoire d'introduction et non domestique, dont la liste est fixée par arrêté conjoint du ministre chargé de la protection de la nature et, soit du ministre chargé de l'agriculture soit, lorsqu'il s'agit d'espèces marines, du ministre chargé des pêches maritimes ;
2° De tout spécimen d'une espèce végétale à la fois non indigène au territoire d'introduction et non cultivée, dont la liste est fixée par arrêté conjoint du ministre chargé de la protection de la nature et, soit du ministre chargé de l'agriculture soit, lorsqu'il s'agit d'espèces marines, du ministre chargé des pêches maritimes ;
3° De tout spécimen de l'une des espèces animales ou végétales désignées par l'autorité administrative. »
Le grand I. interdit l'introduction dans le milieu naturel, quel que soit la motivation.
1° d'une espèce animale non domestique et non indigène (n'appartenant à personne, et n'étant pas originaire de France) dont la liste est fixés par les ministères.
2° d'une espèce végétale non cultivée et non indigène (non-cultivée en France et pas originaire de France) dont la liste est fixés par les ministères.
3° Ainsi que tout espèce désignée par les autorités (maires/préfet) dans leurs compétence.
Pour l’instant, une seule plante invasive est interdite en France : c'est la JUSSIE.

Arrêté du 2 mai 2007 interdisant la commercialisation, l'utilisation et l'introduction dans le milieu naturel de Ludwigia grandiflora et Ludwigia peploides :
Le ministre de l'agriculture et de la pêche et la ministre de l'écologie et du développement durable,
Vu les articles L. 411-3 et R. 411-1 à R. 411-5 du code de l'environnement ;
Consultation du du Conseil national de la protection de la nature en 2007,
Interdise :
Article 1
Au sens du présent arrêté on entend par « spécimen » toute plante vivante, toute fructification ou autre forme prise par les végétaux au cours de leur cycle biologique ainsi que toute partie revivifiable obtenue à partir de la plante.
Article 2
Sont interdits sur tout le territoire métropolitain et en tout temps, le colportage, la mise en vente, la vente, l'achat, l'utilisation ainsi que l'introduction dans le milieu naturel, volontaire, par négligence ou par imprudence de tout spécimen des espèces végétales suivantes :
- Ludwigia grandiflora (Michx.) Greuter & Burdet, Ludwigie à grande fleurs ;
- Ludwigia peploides (Kunth) P.H. Raven, Jussie.
Article 3
Le directeur de la nature et des paysages et le directeur général de l'alimentation sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent arrêté, qui sera publié au Journal officiel de la République française.
Résumé : Toute partie de la plante qui peut contribuer à sa reproduction (tige/graine/bouture/racine) est un spécimen, interdit sur tout le territoire français – que ce soit l'usage en aquarium, la donation, la proposition de vente, la vente, l'achat et l'introduction dans le milieu naturel des deux espèces de jussie.
Dans les années à venir, il faudra bien d’autres interventions pour simplement contenir la jussie, sans espérer pouvoir l’éradiquer.
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Les écologistes ajoutent un amendement à cet article, via la nouvelle loi Royal sur la protection de la biodiversité – en mars 2015 – souhaitant ajouter à la Jussie d'autres plantes invasives dont la commercialisation se répand dangereusement :
L'amendement cite par exemple, le myriophylle du Brésil, « que l'on trouve dans de nombreux aquariums chez les particuliers », demandant au gouvernement de « rendre au parlement un rapport sur les plantes invasives et leur commercialisation dans un délai de six mois à compter de la promulgation de la loi. » Outre le jeu de force entre les deux forces institutionnelles françaises, Gouvernement et Parlement, on part sur une intention de changer les mentalités, de responsabiliser le commerce à outrance et sauvegarder l'environnement.
La référence au myriophylle du Brésil ainsi qu'à son utilisation massive en aquarium et bassin privé – donc hors de la compétence administrative - montre la réalité du problème.
Je vous laisse regarder les commentaires de ce lien sur cette plante :
Myriopicvert
Enfin, l'amendement ajoute qu'il « existe, aussi une résolution législative du Parlement européen du 16 avril 2014 sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil relatif à la prévention et à la gestion de l’introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes (concernant animaux et plantes) », cette dernière résolution voudrait déboucher en texte législatif communautaire interdisant plus d'une cinquantaine d'espèce en France, attendue en 2015.
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La législation de la Jacinthe d'eau ( Eichhornia crassipes) :
En Espagne, c'est la jacinthe d'eau (Eichhornia crassipes) qui est interdite pour la même raison dans certaines régions espagnoles. Cette plante aquatique s'est tant multipliée par endroits qu'elle a modifié l'écoulement de l'eau dans certaines rivières, il est donc interdit de la transporter et de la propager. Elle a la fâcheuse manie de se ressemer dans la nature, comme la jussie.

En 2007, c'est un rejet dans un cours d'eau chez un agriculteur qui a déclenché le début de l'invasion de la jussie et de la jacinthe en Corse. Il n'y a pas encore de législation française concernant la jacinthe.
Aux États-Unis, la Jacinthe d'eau est notamment inscrite aux listes de plantes envahissantes de Californie et de Floride. En Nouvelle-Zélande, E. crassipes apparaît dans le National Pest Plant Accord, ce qui en interdit la propagation et la distribution dans ce pays. En Afrique, l'espèce a totalement ou partiellement envahi certains plans d'eau dont le lac Victoria. Elle est détruite mécaniquement, mais aussi par les lance-flammes.
Ces espèces très présentes continuent de proliférer et d'augmenter leur aire de répartition géographique ; l'enjeu serait d'arriver à limiter leur extension et de pouvoir contrôler durablement et à grande échelle leurs populations et dynamiques. Notamment, dans les îles comme la Nouvelle-Zélande, qui possèdent une biodiversité riche mais fragile, et un seul barrage, l'océan.
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La législation britannique :
Cinq plantes aquatiques couramment commercialisées en aquariophilie sont interdites depuis avril 2014 au Royaume-uni :
La fougère d'eau Azolla caroliniana,

La plume de perroquet Myriophyllum aquaticum,

L'ombelle flottante Hydrocotyle vulgaris,

La primevère d'eau Ludwigia repens, une autre Jussie

L'orpin des marais australien Crassula helmsii

Vendre ces espèces en 2015 est passible d'une amende pouvant aller jusqu'à 5000 livres sterling, soit 5700 euros, ainsi que six mois de privation de liberté.
Ces espèces ont complètement étouffés les cours d'eau anglais et gallois, entraînant un coût financier d'éradication de 1,7 milliards de livres sterling par an ( 2 Mds d'euros).
Grâce au Gulf Stream, le climat britannique est aussi doux que notre climat breton, et se trouve être un paradis occidental pour plus d'un millier d'espèces invasives exotiques.
De plus, toute britannique (ou français là-bas) possédant ces plantes a l'obligation de ne pas déposer la moindre plante aquatique non-indigène dans les voies navigables publiques, sous peine de poursuites en vertu de la Loi sur la faune et la campagne de 1981.
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EDIT :
Le ministère de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement, modifie par un arrêté du 24 avril 2015, consolidé par un arrêté du 14 octobre 2015, sur les règles de bonnes conduites agricoles et environnementales.
Modifiant : code rural et de la pêche maritime, code de l'environnement, code forestier.
En l’occurrence, en matière de bandes tampons, de cours d'eau et de haies – les cours d'eau désignés par leur Département sont dans les parties A-B-C-D de l'annexe I.
Les canaux d'irrigation, les canaux bétonnés, les canaux busés peuvent être concernés, s'ils sont considérés comme des cours d'eau, lorsque ces aménagements n'ont pas été réalisés conformément à la réglementation.
En vertu de l'article II de l'arrêté du 14 octobre 2015, les couverts des bandes tampons (en l’occurrence des rivières et des canaux) autorisés sont des couverts herbacés, arbustifs ou arborés. Le couvert doit être permanent et couvrant. Ce couvert peut être implanté ou spontané.
Ne sont pas des couverts autorisés :
les friches ;
les espèces invasives, dont la liste est en annexe IV du présent arrêté ;
le miscanthus (des herbacées géantes, dite herbes à éléphant)
Mais qu'elles sont les plantes interdites comme couvert, et déclarés comme invasive par l'arrêté ?
Nous donnerons seulement les plantes aquatiques et marécageuses :
Plantes aquatiques – pouvant être implantés en aquarium ou bassin :
Azolla fausse-fougère - Azolla filiculoides

Elodée du Canada - Elodea canadensis
Elodée de Nuttall - Elodea nuttallii
Elodée à feuilles allongées - Elodea callitrichoides

Lentille d'eau minuscule - Lemna minuta

Les deux variétés de Jussie : Ludwigia peploides et Ludwigia grandiflora
Myriophylle du Brésil - Myriophyllum aquaticum

Plantes littorales ou marécageuses – pouvant être implantés en aquaterrarium et berges :
Renouée du Japon - Fallopia japonica
Renouée de Sakhaline - Fallopia sachalinensis

Solidage du Canada - Solidago canadensis
Solidage glabre - Solidago gigentea

L'herbe de la pampa - Cortaderia selloana

Séneçon en arbre - Baccharis halimifolia

PS : toutes les photos de la modification ont été prises en France.
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Pour ma part, certaines plantes devraient ne plus être utilisés inconsciemment en aquariophilie :
La Myriophylle du Brésil

Mais aussi, l’Élodée dense ou l'Elodea canadensis :

je peux toujours m'en plaindre, j'en possède.
Caulerpe ou Caulerpa taxifolia, ou encore algue tueuse : pour les récifaux.

Et pour vous, quels sont les plantes invasives qui devraient disparaître de nos aquariums ?